Utilisation de l’anesthésie locorégionale en situation isoléepar les médecins généralistes militaires
Regional Anesthesia Use in Isolated Environment by Military General Practitioners
1
École du Val-de-Grâce, 1, place Alphonse-Laveran, F-75230
Paris cedex 05, France
2
Hôpital d’instruction des armées Legouest, 27, avenue de Plantières, BP 90001, F-57077
Metz cedex 03, France
3
Dixième centre médical des armées de Marseille-Aubagne, BP 40026, F-13568
Marseille cedex 02, France
4
Service de réanimation, hôpital d’instruction des armées Desgenettes, 108, boulevard Pinel, F-69275
Lyon cedex 03, France
* e-mail : tom.0741@hotmail.fr
Reçu :
8
Août
2017
Accepté :
14
Novembre
2017
Introduction : En mission extérieure, l’activité du médecin généraliste militaire (MGM) se partage entre les soins de premier recours et la prise en charge des blessés de guerre. Des techniques d’anesthésie locorégionale (ALR) peuvent être utiles dans ces deux cas. L’objectif principal de l’étude était de faire l’état des lieux sur l’utilisation de l’ALR par les MGM et de dépister les facteurs limitant la pratique.
Matériels et méthodes : Une étude observationnelle multicentrique a été réalisée sur la base d’un questionnaire portant sur l’expérience, la formation et la pratique de l’ALR lors de la dernière mission extérieure. Étaient inclus les MGM d’active exerçant en France métropolitaine et ayant réalisé au moins une mission extérieure.
Résultats : Durant leur dernière mission extérieure, 23 % des praticiens avaient réalisé au moins un geste d’ALR, concernant moins de cinq patients dans 92 % des cas, sans aide au guidage dans 97 % des cas. Parmi tous les répondants, 22 % estimaient que des gestes d’ALR auraient pu être réalisés, mais ne l’ont pas été par manque de maîtrise des techniques (38 %), de matériel (20 %), de temps (15 %) ou de conditions d’hygiène (12 %). Aucun facteur étudié n’était statistiquement associé à une pratique plus importante de l’ALR.
Conclusion : Le faible taux de pratique de l’ALR est probablement multifactoriel. Les facteurs environnementaux, le manque de maîtrise des gestes et le recrutement semblent être les éléments principaux. Le développement de ces techniques doit passer par une formation adaptée aux conditions opérationnelles. L’utilisation de l’échographie est envisageable dans ce cadre et permettrait de sécuriser la pratique.
Abstract
Aim: During deployments, military general practitioners’ (MGP) activity is split between primary care and combat casualty care. Regional anesthesia (RA) techniques could be useful in both cases. The aim of this article was to assess the state of art of RA utilization among MGP and to track the limiting factors.
Procedure: A multicentral observational study was performed, based on a questionnaire about experience, teaching and RA practice during the last mission. MGP were included in metropolitan France that realized at least one mission in their career.
Results: During the last mission, 23% of MGP had performed at least one RA technique, concerning less than 5 patients in 92% of cases. The guidance technique was anatomical in 97% of cases. Among all responders, 22% didn’t perform a RA technique even though it should have been indicated. The main reasons were lack of mastery of techniques (38%), missing equipment (20%), time shortness (15%), or hygiene issues (12%). No relevant factors were statistically associated with RA practice.
Conclusion: The low practice rate is probably related to multiple factors. Environmental factors, patients recruiting and lack of mastery of techniques seem to be the main explanations. The development of RA techniques should be associated with an adapted training that takes tactical background into account. Ultrasonography should be considered as a precious help in some cases.
Mots clés : Anesthésie locorégionale / Médecine militaire / Échographie
Key words: Regional anesthesia / Military medicine / Ultrasonography
© SFMU et Lavoisier SAS 2017