Place de la simulation dans la formation initiale des urgentistes : enquête nationale observationnelle
Place of simulation in the initial training of french emergency physicians: national observational and descriptive study
1
Service des urgences–Samu 44, CHU de Nantes, 1, place Alexis-Ricordeau, F-44000 Nantes, France
2
CESU 44, quai Moncousu, F-44093 Nantes, France
3
Faculté de médecine, université de Nantes, 1, quai de Tourville, F-44000 Nantes, France
* e-mail : milena.allain@chu-nantes.fr
Reçu :
14
Février
2018
Accepté :
10
Avril
2018
Introduction : La simulation apparaît aujourd’hui comme un outil indispensable dans l’apprentissage de compétences médicales techniques et non techniques, tout en respectant le principe éthique suivant : « Jamais la première fois sur le patient ». Actuellement, l’intégration de la simulation dans les programmes de formation des internes de médecine d’urgence est disparate : son cadre demeure à définir devant l’ouverture récente du diplôme d’études spécialisée (DES) de médecine d’urgence à l’automne 2017.
Objectif de l’étude : Cette étude a évalué l’utilisation de la simulation en France dans l’enseignement actuel de la médecine d’urgence, afin d’initier une réflexion sur la place que pourrait avoir ce type d’enseignement pour le DES.
Méthode : Il s’agissait d’une étude observationnelle multicentrique. Un questionnaire a été envoyé par e-mail à l’ensemble des responsables universitaires de France impliqués dans l’enseignement de la médecine d’urgence. Les données ont été colligées dans Excel (Microsoft). Elles étaient à la fois quantitatives et qualitatives et concernaient le cadre, la structuration et le contenu de la formation par la simulation.
Résultats : Vingt-cinq facultés de médecine sur 29 ont répondu au questionnaire. Parmi elles, 23 utilisaient la simulation (soit 92 %), dont 22 la simulation haute fidélité et 21 la simulation procédurale. Arrêt cardiorespiratoire (22), état de choc (21), douleur thoracique et tachycardies (20), traumatisé crânien et traumatisé grave (17) étaient les thématiques majoritairement abordées. Les gestes techniques les plus enseignés étaient : intubation (22), intubation difficile (21), ventilation assistée-contrôlée et voie intraosseuse (18). En médiane, la formation comptait entre deux et trois jours de simulation par année de formation. Par ailleurs, dans 12 centres (soit 52 %), les formateurs avaient un temps professionnel dédié, et 15 centres (soit 65 %) bénéficiaient de personnel salarié. Enfin, seulement 12 centres (52 %) estimaient « plutôt » respecter l’adage « Jamais la première fois sur le patient ».
Discussion : L’utilisation de la simulation dans l’enseignement de la médecine d’urgence est inégale. Les responsables pédagogiques interrogés semblent tomber d’accord quant aux principales thématiques et techniques à aborder. Le développement de la simulation semble souhaité de tous, mais demeure complexe en raison notamment de l’investissement humain et matériel que cela représente. Ces réponses pourraient fournir un axe de réflexion afin d’établir un programme de simulation commun à l’ensemble des facultés.
Abstract
Background: Simulation appears to be now an essential tool for the training of both technical and nontechnical medical skills. It allows to respect the ethical statement: “Never the first time on a real patient”. Currently, integration of simulation in training programs is not harmonized between French medicine faculties. The corresponding framework remains to be defined in anticipation of the creation of the diploma of Emergency Medical Specialty (DES) planned for fall 2017.
Objective: This investigation addressed the use of simulation in French initial formation in emergency medicine. It was intended as a first step toward establishing a simulationbased training program.
Method: This observational study was multicentric. A questionnaire was sent by e-mail to all coordinators of Emergency Medicine initial formation in France. Data were compiled with Excel software (Microsoft Inc.). They included both quantitative and qualitative items that concerned the general context, the structure, and the content of the simulation-based training.
Results: Twenty-five out of 29 universities answered the questionnaire. Among those, 23 (92%) used simulation, 22 of them used high-fidelity simulation, and 21 used procedural simulation. The most involved application fields were: cardiac arrest (22), shock state (21), chest pain, tachycardia (20), severe trauma and traumatic brain injury (17). The most practiced technical procedures were: intubation (22), difficult intubation (21), mechanical ventilation and intraosseous access (18). Median time was 2–3 days of simulation by year. In 12 centers (52%), the training staff had dedicated time duty and 15 centers (65%) benefited from remunerated staff. Finally, only 12 centers (52%) felt they essentially complied with the statement “Never the first time on a real patient”.
Discussion: Simulation use in French emergency physician’s initial training is heterogeneous. The main limitation of our study was the absence of response from 4 faculties. Generally, responding coordinators agreed on the main situations and techniques to be taught. As in other countries, promotion of simulation seems to be consensual. However, effective deployment remains difficult due to material investment, formation and availability of staff. This study could provide a basis for the establishment of a national simulation-based training program.
Mots clés : Simulation / Formation initiale / Médecine d’urgence / DESC / DES / France
Key words: Simulation / Initial training / Emergency medicine / National study / DES
© SFMU et Lavoisier SAS 2018