Le syndrome postgarde de nuit chez les médecins urgentistes : caractéristiques et facteurs influençants
Post-shift syndrome among the emergency physicians: characteristics and factors of influence
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Pôle anesthésie-réanimation–douleur–urgences, CHU de Nîmes, place du Professeur-Robert-Debré, F-30029 Nîmes cedex 09, France
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Université Montpellier-Nîmes, 2, rue École-de-Médecine, F-34060 Montpellier, France
* e-mail : cyrielle.fasula@gmail.com
Reçu :
18
Décembre
2017
Accepté :
27
Février
2018
Introduction : Les urgentistes connaissent une privation de sommeil en lendemain de garde. Beaucoup ont des perceptions ou des comportements inhabituels que nous appelons syndrome post-garde de nuit (PGN). L’objectif principal était de caractériser le syndrome PGN des urgentistes. Les objectifs secondaires étaient d’établir une note évaluant le syndrome PGN et de déterminer les facteurs influençant ce syndrome PGN.
Méthode : Étude prospective de cohorte, observationnelle, multicentrique, auprès des urgentistes du Gard et de l’Hérault entre janvier et juin 2017. Deux questionnaires informatiques anonymes étaient diffusés aux structures d’urgences du Gard et de l’Hérault. En journée normale, hors sortie de garde, un questionnaire colligeait les symptômes ressentis habituellement en lendemain de garde, à coter entre 0 et 10. En sortie de garde, un autre questionnaire s’intéressait au ressenti de la garde réalisée et aux caractéristiques de cette garde. Les médecins étaient encouragés à répondre aux deux questionnaires.
Résultats : Cent treize médecins (45 %) ont répondu, 67 (59 %) à distance d’une garde et 46 (41 %) en post-garde immédiat. Le syndrome PGN comprend des symptômes somatiques (échelle visuelle analogique (EVA) = 5 [2–8]), comportementaux (EVA = 7 [3–8]), liés à l’humeur (EVA = 7[5–8]) et psychiques (EVA = 6 [4–8]). Ces symptômes en post-garde immédiat étaient ressentis de manière moins importante que lorsque décrit à distance (respectivement p = 0,001, p <0,001, p < 0,001, p = 0,002). Les gardes de SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) et de traumatologie étaient associées à un syndrome PGN moins marqué (respectivement p =0,035 et p = 0,02) que les gardes des filières médico-chirurgicales.
Conclusion : Il s’agit de la première évaluation du syndrome PGN chez les urgentistes français. Les symptômes en sont moins importants en post-garde immédiat. Les gardes de traumatologie et de SMUR semblent mieux tolérées.
Abstract
Introduction: Emergency physicians suffer from sleep deprivation after being on shift. Lots have unappropriated behaviors called post-shift syndrome. This study aims to characterise the post-shift syndrome firstly and secondly to establish a note and factors of influence.
Methods: It is a prospective, cohort, observational, multicentric study in emergency units of Hérault and Gard between January and June 2017. A computerized and anonymized questionnaire was spread in these emergency units. During a normal day, a questionnaire compiled the symptoms evaluated between 0 and 10. This defined the post-shift syndrome. After a night shift, another quiz gathered the shift feeling, the day after shift feeling, and data about the shift. Practitioners were encouraged to answer twice.
Results: One hundred and thirteen (45%) emergency physicians answered, 67 (59%) during a normal day versus 46 (41%) after being on shift. The post-shift syndrome includes somatic disorders (visual analog scale (VAS) = 5 [2–8]), behavioral disorders (VAS = 7 [3–8]), mood disorders (VAS = 7 [5–8]), and mental health disorders (VAS = 6 [4–8]). Immediate post-shift syndrome was less important (respectively P = 0.001, P < 0.001, P < 0.001, and P = 0.002). Creation of a note for post-shift syndrome shows that SAMU and traumatology shifts are better endured (respectively P = 0.035 and P =0.02).
Conclusion: This is the first evaluation of the post-shift syndrome. Symptoms are less important after being on shift. Traumatology and SAMU shifts are better stood.
Mots clés : Médecine d’urgence / Syndrome post-garde de nuit / Privation de sommeil
Key words: Emergency medicine / Post-shift syndrome / Sleep deprivation
© SFMU et Lavoisier SAS 2018