Délégation de l’évaluation et du traitement de la douleur à l’infirmier de Service mobile d’urgence et de réanimation : étude avant–après monocentrique
Nurse Delegation of the Assessment and Treatment of Pain in Mobile Intensive Care Department: Single Center Before–After Study
1
Pôle anesthésie-réanimation–douleur–urgences, CHU de Nîmes, place du Professeur-Robert-Debré, F-30000 Nîmes cedex 09, France
2
Service des urgences Timone 2, Assistance publique des Hôpitaux de Marseille, F-13000 Marseille, France
3
Faculté de médecine, université Montpellier, F-34060 Montpellier, France
* e-mail : hugokrebs@hotmail.fr
Reçu :
10
Janvier
2018
Accepté :
3
Juin
2018
Introduction : La prise en charge de la douleur en médecine d’urgence préhospitalière est encore insuffisante. Cette étude a pour objectif d’évaluer les effets d’une délégation de l’évaluation et du traitement de la douleur à l’infirmier diplômé d’État (IDE) en Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) sur le suivi des recommandations de la Société française de médecine d’urgence (SFMU).
Méthode : Étude rétrospective de type avant–après réalisée au Smur du centre hospitalier universitaire (CHU) de Nîmes de janvier à mai 2017. Les IDE ont été formés, entre les deux phases, à un protocole de délégation de l’évaluation et du traitement de la douleur fondé sur les dernières recommandations.
Résultats : Cent quatre-vingt-un patients ont été inclus dans chaque groupe, 74 (40 %) femmes (âge moyen de 60 ± 18 ans). Les groupes étaient comparables à l’exception de la proportion d’interventions traumatologiques (11 % dans le groupe « avant » vs 20 % dans le groupe « après » ; p = 0,02). Les recommandations ont été respectées pour 12 (7 %) patients dans le groupe « avant », 21 (12 %) dans le groupe « après » (p = 0,10). Le seul facteur indépendant de respect des recommandations est le type d’intervention traumatologique (odds ratio = 9,7 ; intervalle de confiance à 95 % : [2,3–53,3] ; p < 0,01). Le nombre de patients ayant bénéficié d’une administration d’antalgique était respectivement de 55 (30 %) dans le groupe « avant » et de 73 (40 %) dans le groupe « après » (p = 0,05). La réévaluation de l’intensité douloureuse en fin de prise en charge a été consignée dans 11 (6 %) cas de la phase avant vs 38 (21 %) dans la phase après (p < 0,01). Dans le sous-groupe des patients n’ayant pas bénéficié de trinitrine, les recommandations ont été respectées respectivement pendant les phases « avant » et « après » chez 7 (6 %) patients vs 17 (14 % ; p = 0,03).
Conclusion : Malgré une augmentation du taux de prescription d’antalgiques et de réévaluation de la douleur, le protocole de délégation IDE n’a pas permis un meilleur respect des recommandations. L’établissement de protocoles spécifiques en fonction du type d’intervention, notamment traumatologique, pourrait être une piste de réflexion.
Abstract
Background: The pain management in outof- hospital emergency practice is still inadequate. The aim of this study is to evaluate the effects of a nursing delegation of pain management in physician staffed ambulances on the respect of the French College of Emergency Medicine guidelines.
Method: This retrospective pre–post intervention cohort study took place in the prehospital emergency service of Nîmes between January and May 2017. A nurse delegation protocol of the management of pain was taught to the nurses between the two phases. Demographics and clinics settings and types of analgesic agent were collected. The number of subjects needed was 130 in each group (pre- and postintervention).
Results: One hundred (and) eighty-one patients were included in each group, 74 (40%) women, mean age of 60 ± 18. The groups were similar except for trauma intervention (11% pre- vs 20% post-intervention, P = 0.02). The guidelines were respected for 12 (7%) patients in the preintervention group and 21 (12%) patients in the postintervention group. The only independent factor of compliance with the guidelines is trauma intervention (OR = 9.7; 95% CI: [2.3–53.3]; P < 0.01). 55 (30%) patients received analgesics in the pre group vs 73 (40%) in the post group (P = 0.05). There was an evaluation of the pain level at discharge in 11 (6%) cases in pre-phase vs 38 (21%) in the post-phase (P < 0.01). In the group of patients who have not received trinitrine, the guidelines were respected for 7 (6%) patients in the pre-phase vs 17 (14%) patients in the postphase (P = 0.03).
Conclusion: The nurse delegation of pain management in out-of-hospital emergency medicine has not improved compliance to the guidelines while analgesic administration and pain evaluation at discharge have increased. Specific protocols depending of the intervention type could improve pain management.
Mots clés : Médecine d’urgence préhospitalière / Délégation infirmière / Douleur / Analgésie
Key words: Recommendations / Prehospital emergency medicine / Nurse delegation / Pain / Analgesia / Guidelines
© SFMU et Lavoisier SAS 2018