Identification de facteurs de risque d’erreur de prescription médicamenteuse aux urgences : optimisation d’une activité de conciliation médicamenteuse à l’UHCD
Identifying Predictive Factors Leading to Medication Error: Optimization of Medication Reconciliation in an Emergency Care Unit
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Service des urgences, groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph, 185, Rue Raymond Losserand, F-75014 Paris, France
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Service de pharmacie, groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph, Paris, France
3
Service des urgences, groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph, Paris, France
* e-mail : camille.gerlier@gmail.com
Reçu :
7
Décembre
2018
Accepté :
19
Février
2019
Introduction : Les patients hospitalisés au décours d’un passage aux urgences sont à risque d’erreur médicamenteuse. Le déploiement de l’activité de conciliation médicamenteuse à l’admission en unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD) permet d’identifier les divergences non intentionnelles (DNI) de prescription médicamenteuse hospitalière en comparaison avec le traitement pris à domicile, puis de les corriger. L’objectif de l’étude était d’identifier les facteurs prédictifs d’erreurs de prescription médicamenteuse aux urgences, afin de mieux prioriser la conciliation médicamenteuse pour les patients admis à l’UHCD.
Méthode : Nous avons mené une étude rétrospective, monocentrique et observationnelle incluant tous les patients ayant bénéficié d’une conciliation médicamenteuse à l’admission à l’UHCD pendant six mois. L’association entre les caractéristiques des patients et la survenue d’au moins une DNI a été étudiée à l’aide d’une régression logistique en ajustant sur les facteurs de confusion (analyse multivariée).
Résultats : Parmi 200 patients inclus, 111 étaient concernés par la survenue d’au moins une DNI (56 %) avec une médiane de deux par patient. Les erreurs étaient principalement des omissions, en majorité pour des traitements à visée cardiovasculaire et du système nerveux central. La majorité des patients étaient exposés à un potentiel événement indésirable lié aux soins (n = 70, 63 %), mais aucun à un événement indésirable de gravité potentielle catastrophique. Dans l’analyse multivariée, la présence d’au moins cinq lignes de traitement dans l’observation médicale de l’urgentiste était très prédictive de la survenue d’au moins une DNI (OR : 1,30 ; IC 95 % : [1,15–1,26] ; p < 0,01). Cette variable concernait principalement un groupe de patients distincts d’âge supérieur ou égal à 75 ans et connus pour au moins deux comorbidités dont la majorité a été concernée par au moins une DNI (69 %). Les facteurs organisationnels propres à l’hospitalisation en situation urgente n’étaient pas prédictifs de la survenue de DNI.
Conclusion : Pour le pharmacien de l’UHCD, la présence d’au moins cinq lignes de traitement dans l’observation médicale d’un patient doit être considérée comme une alerte et déclencher l’activité de conciliation médicamenteuse, en priorisant les patients âgés de plus de 75 ans et polypathologiques.
Abstract
Background: Patients who are hospitalized after an emergency department (ED) visit are at risk for medication error. The implementation of medication reconciliation activity into an ED observation unit allows to identify errors by comparing the initial hospital prescription with patient’s medication list, and to correct them. The objective of this study was to identify the predictive factors of medication error in an ED in order to prioritize medication reconciliation for patients admitted to the ED observation unit.
Method:We have conducted a retrospective, monocentric and observational study including all patients who have benefited from a medication reconciliation at ED observation unit admission during six months. The association between patient characteristics and the occurrence of at least one medication error was investigated using logistic regression by adjusting for confounding factors (multivariate analysis).
Results: Out of 200 patients, 111 were affected by at least one medication error (56%) with a median of two by patient. Those errors were mainly omissions, mostly cardiovascular and central nervous system medications. A large part of them were exposed to an harm related to care (N = 70, 63%), but none to an harm with catastrophic potential severity. In the multivariate analysis, the presence of at least five medication lines in the medical observation of the emergentist was predictive of the occurrence of at least one medication error (OR: 1.30; CI 95%: [1.15–1.26]; P < 0.01). This characteristic mainly concerned a separate group of patients aged ≥ 75 years and who had at least two comorbidities, most of whom have been affected by medication error (69%). The organizational factors specific to hospitalization in an emergency situation were not predictive of medication error.
Conclusion: For the pharmacist of the ED observation unit, the presence of ≥ 5 lines of medication in a patient’s medical observation should be considered like a red flag and engage the medication reconciliation, especially for patients aged ≥ 75 years and poly-pathological.
Mots clés : Conciliation médicamenteuse / Service des urgences / Erreur médicamenteuse / Facteurs de risque / Pharmacie clinique
Key words: Medication reconciliation / Emergency care unit / Medication error / Risk factors / Clinical pharmacy
© SFMU et Lavoisier SAS 2019